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Avez-vous l’impression que tous les articles de nos jours débutent avec une référence au monde complexe, volatile et en transformation profonde? On a beau s’en lasser, c’est une réalité qui occupe nos esprits et oriente nos actions au quotidien.

Je ne vous apprends rien en disant que la vitesse à laquelle nous avons tous eu à apprendre au cours de la dernière année n’est qu’un aperçu de ce que l’avenir nous réserve. Ce fut, et ce sera encore, un défi de garder le cap et de sentir qu’on se maintient la tête hors de l’eau.

Malgré tout, plusieurs d’entre nous possèdent un profond désir de croître et de s’épanouir, et ce, en dépit des multiples questions que l’on se pose…

  • Comment accorder le temps nécessaire au développement, autant le nôtre que celui des membres de notre équipe?
  • Comment se développer en continu et naviguer la complexité sans se sentir exténué·e?
  • Combien de temps devons-nous réellement libérer pour apprendre?
  • Quelles stratégies permettent de faire de grandes enjambées avec un minimum d’effort ?

Cet article vous piste vers des voies alternatives pour accélérer votre développement sans vous essouffler, tout en contribuant à la réussite de l’entreprise. Cela implique d’apprivoiser quelques fondations, que j’aime appeler « la face cachée du développement » :

  • Le cerveau apprend par l’expérience. Les exigences du travail et de la vie de tous les jours constituent la matière première pour se développer. Rien besoin d’ajouter… sauf peut-être une pincée de sel. 😉
  • Se développer, c’est un mindsetAvez-vous réglé votre interrupteur au mode « j’apprends »?
  • La conscience de soi est un levier de développement indispensable et la cultiver ne passe pas nécessairement par plus d’introspection!

Le cerveau apprend par l’expérience

Notre cerveau travaille sans relâche pour assurer notre survie. Robert Kegan se plaît à dire que notre esprit entretient deux grands projets : croître et survivre. Qu’on l’aborde de l’angle de la psychologie du développement ou des recherches en neurosciences menées, entre autres, par Lisa Feldman Barrett, la science nous informe que notre cerveau construit, au fil de ses expériences, une conception du monde et de la place qu’on y occupe. Cette « carte du monde » filtre tout ce que nous vivons, y compris tout ce que nous croyons comme étant possible et impossible. Mais la carte n’est pas le terrain et votre construction de la réalité n’est pas la réalité.

Par conséquent, il y a plein de choses dans la vie qu’on ne fait pas, souvent pour deux raisons :

  • Nous ne les croyons pas possibles, puisque nous n’avons jamais imaginé que cela puisse se faire ou bien nos expériences passées nous portent à croire que ça ne se fait pas.
  • Nous avons peur de subir des pertes insupportables. Nous voulons sincèrement faire quelque chose, mais nous croyons que de poser ce geste comporte des risques importants pour nous. Par exemple, la conception que nous avons de nous même, notre désir de bien paraître ou de ne jamais être perçu·e d’une certaine façon sont des pièges qui freinent le passage à l’action.

Et si l’essoufflement que nous ressentons collectivement ne provenait pas de nos efforts pour apprendre, mais des efforts déployés pour maintenir le statu quo?

Imaginez que votre carte du monde n’est plus adaptée au terrain, mais que vous persistez à l’utiliser. Vous savez comme moi que randonner en forêt avec une carte mal adaptée, ça donne rarement de bons résultats… On tourne en rond. On ne se rapproche pas de notre destination. On s’essouffle.

Face à la complexité, si votre réflexe est de persévérer et redoubler d’efforts, mais que votre carte du monde est mal adaptée, vous risquez de vous égarer et de vous sentir exténué·e.

👉🏽 La voie alternative : re-cartographiez le terrain dans lequel vous évoluez

👉🏽 Premières pistes d’accès :

  • Avec humilité, posez-vous la question « Comment pourrais-je avoir tort? »
  • Enchaînez en vous exposant à de nouvelles perspectives avec l’intention première de mettre au défi vos certitudes et de raffiner votre perception de la réalité. « Ah! Je croyais que ce sentier longeait la rivière, mais c’est plutôt une falaise… j’ajuste ma carte! ».

👉🏽 Exemple :

  • Carte du monde : Si je traite chacun avec bienveillance, j’exercerai naturellement un leadership équitable et inclusif. Humilité (Comment pourrais-je avoir tort?) : Ma bienveillance est-elle suffisante? Peut-elle, parfois, avoir un effet négatif? Perspective : J’observe l’impact de mes gestes et paroles. Je suis ouvert·e et curieux·se lorsque quelqu’un exprime un sentiment d’iniquité ou d’exclusion découlant de mes actions ou de celles des autres. J’accueille le déséquilibre et j’écoute pour comprendre l’impact au-delà de mes intentions. J’ajuste ma carte du monde et mes comportements, sans rien ajouter.

Se développer, c’est un mindset

Dans le premier article de cette série, nous avons vu que pour apprendre de façon durable sans se sentir dépassé·e, notre cerveau a besoin d’un objectif, d’efforts soutenus et de pratique.

Mais il y a une face cachée : pour se développer et s’épanouir à l’âge adulte, nous devons être disposés·es à apprendre. Sans quoi, nous vivrons une foule d’expériences au cours de notre vie à partir desquelles, à notre insu, notre cerveau construira sa carte du monde. Et nous savons que celui-ci a la fâcheuse manie de repérer et confirmer ce qui s’y trouve déjà!

Plutôt que d’y aller au gré du vent, les psychologues Adam GrantRobert Kegan et Lisa Lahey proposent, chacun à leur façon, d’adopter la posture d’un·e scientifique et de repenser le monde en menant des expériences qui confrontent nos hypothèses.

👉🏼 La voie alternative : explorer les frontières de son développement

👉🏼 Premières pistes d’accès :

  • Changez l’étiquette. Plutôt que de libeller un sentiment de déséquilibre comme  « stressant », accueillez-le comme un indice que vous êtes dans une zone de croissance fertile et précisez l’émotion : qu’est-ce que ce sentiment pourrait être si ce n’est pas du stress?
  • Ensuite, réglez l’interrupteur au mode « j’apprends » pour activer votre curiosité: Qu’est-ce que cette expérience peut m’apprendre sur moi, mon équipe, mon organisation, le monde en général? Il ne vous restera qu’à vous laisser surprendre!

👉🏼 Exemple :

  • Étiquette : J’ai une grosse présentation à faire à une cliente et je me sens stressé·e! En fait… c’est plutôt de l’enthousiasme mêlé à de l’envie. Interrupteur : Je réalise à quel point ce projet est porteur de sens pour moi et les retombées qu’il aura pour l’organisation. C’est une chance en or que nous avons d’engager la conversation, surtout que la cliente partage nos aspirations. Je vais parler avec mon cœur et voir comment ça connecte avec elle…

La conscience de soi : un levier indispensable

La conscience de soi est au cœur de notre capacité à apprendre de nos expériences et donc de notre développement comme adultes. Selon Tasha Eurich, il s’agit d’une méta-compétence dont nous n’avons pas le luxe de nous passer, puisqu’elle est la source de nombreuses capacités comme l’intelligence émotionnelle, l’empathie, l’influence, la communication, la collaboration…

Or, ses recherches ont démontré que peu d’entre nous possèdent une perception juste de qui nous sommes et de notre impact sur les autres. En réalité, seulement 12 à 15% des adultes maîtrisent cette qualité plutôt rare…D’ailleurs, les personnes ayant une faible conscience de soi sont les plus portées à affirmer le contraire, ce qui augmente fortement la probabilité qu’elles déraillent dans leur carrière.

Cultiver la conscience de soi n’est pas sans pièges, notamment celui de… l’introspection. Il y a un mythe courant qui dit que si nous sommes capables d’introspection et nous y attardons ardemment, nous aurons une plus grande conscience de soi. Qu’il y a une certaine vérité sur soi à excaver. Or, il n’y a pas une vérité, mais plusieurs réalités que notre cerveau s’affaire incessamment à construire. Aussi, même si cela paraît contre-intuitif, s’attarder à nos pensées, émotions, motivations et comportements n’éveille pas nécessairement la conscience et peut nous mener vers un tourbillon de rumination peu productif.

👉🏾 La voie alternative : adopter une posture d’explorateur·trice avisé·e

👉🏾 Premières pistes d’accès :

  • Observez. Il ne faut souvent qu’un tout petit pas de recul pour constater les sensations, pensées, émotions, impacts vécus au travers nos expériences.
  • Ensuite, repérez les déclencheurs de vos pensées et émotions improductives, vos comportements récurrents, etc. Cela vous permettra d’apprendre de vos expériences et de faire des choix mieux adaptés pour l’avenir.
  • Dosez. Ça ne prend que 10 secondes de recul pour que votre cerveau adopte la « route longue » qui vous habilite à porter un regard sur vous-même. Imaginez-vous ce que vous pouvez apprendre sur vous avec 5 minutes de réflexion ou 3 grandes respirations!

👉🏾 Exemple:

  • Observer : Qu’est-ce qui se passe en ce moment? Qu’est-ce que je ressens? Déclencheurs : Ça me rappelle la dernière fois où j’ai eu à récupérer un projet qui déraillait… j’ai annulé ma semaine de vacances et j’ai ressenti beaucoup de frustration! Doser : 10, 9, 8… Comment cette situation est-elle différente ? Prendre le flambeau n’est peut-être pas la seule option…

C’est mon souhait que vous ayez capté à la lecture de cet article quelques pistes vous permettant d’investir dans votre développement sans avoir à y consacrer des efforts insoutenables. Chacune constitue une « pincée de sel » qui amplifie le mode d’apprentissage naturel de votre cerveau. Plus vous restez ouverts·es et curieux·ses par rapport à qui vous êtes et qui vous pouvez devenir, plus cela contribuera à votre croissance et votre épanouissement, mais également ceux de votre équipe et de l’organisation au sein de laquelle vous travaillez. Tous en sortent gagnants.